Le républicanisme humaniste de Rousseau, ou la modernité à visage humain
Malgré son antimodernisme virulent, Rousseau ne condamne pas la société per se et dans l'absolu; il ne préconise pas non plus un retour impossible et indésirable à un passé révolu ou inexistant. Rejetant ces deux extrêmes, moderne et rétrograde, le philosophe genevois nous offre sa propre vision d'une modernité à visage humain, selon l'auteur, ainsi que sa propre version de la République, à travers ce que Dr Taha nomme le républicanisme humaniste de Rousseau. L'auteur estime en effet que, malgré ses nombreuses critiques, ce n'est pas un retour à la nature que Rousseau nous exhorte à faire, mais plutôt un retour à notre nature, à notre bonté et innocence originelles, et ce en pleine ville et à l'ère moderne.
Pour Rousseau, la société néfaste à l'homme est la société matérialiste basée exclusivement sur l'argent; il lui oppose sa conception d'une société bénéfique, républicaine et citoyenne, une société dans laquelle l'alchimiste Jean-Jacques ressuscite l'âme de l'homme naturel afin d'en faire un bon citoyen, nous montrant comment l'homme peut redevenir humain et faire partie de ce corps moral qu'est la République pour tous, laquelle réconcilie à jamais liberté et égalité.
Ainsi, le seul moyen de sauver la modernité de son malaise est de lui donner un visage humain, et ce visage, c'est la République telle que la conçoit Rousseau. C'est lui, le dernier bon sauvage, qui sauve l'âme de la République.
_________________________________________________________________________________________________ Cet ouvrage fut à l'origine une Thèse de Doctorat en Philosophie de l'Université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne, soutenue par l'auteur sous le même titre en mai 2022.