Ce volume regroupe des textes sur l'incertitude du lendemain et la survie aujourd'hui des déchus d'hier, victimes de rejet familial et de marginalisation sociale. Il n'y a rien d'étonnant que l'excès de malheur, suscité par la domination néolibérale poussée sur les cadavres du libéralisme classique (1929), du fascisme (1945) et du communisme (1989), inspire analyses, autobiographies et fictions de sociologues, de linguistes et de littéraires. Si ses concurrents totalitaires désignaient - et exterminaient - l'ennemi idéologique et social, ils clamaient aussi un horizon de bonheur collectif. L'actuelle domination a également prétendu une heureuse fin de l'histoire, a hérité de la Guerre froide le rejet des conflits sanglants à ses marges impériales, où elle a aussi délocalisé la production de main-d'oeuvre : toutes évolutions qui ont déstabilisé les solidarités sociales et nationales, déresponsabilisé les jeunes générations face à la cohésion et à la sécurité commune et aggravé les inégalités véhiculées par une pseudo-élite méprisant également main-d'oeuvre esclave des périphéries et générations entières dessaisies de leur potentiel professionnel dans le centre libéral. Ce volume raconte leur histoire, à cheval sur les Trois Europes et les deux rives de la Méditerranée.